poésie
un bras de rivière s’est créé
après la crue
une île s’est formée
où sont les nids?
des coquillages gisent sur l’herbe
loin de l’eau
ils ont perdu la vie
les oiseaux se régalent
(sans titre)
(2020)
t’avais l’air bof dans ton jean
tes baskets trouées
et ton skai râpé
t'étais un peu fade
dans cette allée
à faire des allers
et venues
à poireauter
et puis t’as levé les yeux au ciel
t’as vu la mer
j’ai vu ton coeur
et je t'ai aimé illico
sous tes grands cheveux
t’avais la peau pâle
des jours heureux
dans ton mélo
les idées folles
des aventuriers preux
mon amour foudre
s’est attaché à toi
comme le bien-être
au sous-bois
quelle bonté tu as
Dieu
il est si beau
que je le vois lui
et le monde entier
Le garçon
(2019)
il suffit d'une phrase
d'une simple petite phrase
je vous aime vous les mots
vous m'apportez une joie telle
que les larmes coulent le long
des mes joues rosées
par le plaisir enfantin
de vous écrire
vous m'emmenez loin
vous me comprenez et prenez soin de moi
de mon esprit
de mon corps fébrile
quand tous deux s'aperçoivent avec délice
de la beauté des phrases que vous construisez.
Je vous aime vous les mots
vous êtes mon langage secret
en vous liant étrangement les uns aux autres
comme des molécules
votre force me soulève
moi grand corps lourd
esprit lourd
vous m'allégez
vous me rendez nouvelle
vous me gâtez de vos ailes
je vous aime vous les mots
vous mes guides
phares de mon âme
compagnons de mes solitudes
amis fidèles et présents
amours éternels.
Ôde aux mots
(2017)
poème publié dans la revue de poésie Libelle - avril 2018 n°229 et janvier 2019 n°238
plusieurs fois je t'ai rêvé
couteau
m'éventrant jusqu'à la gorge
ma main te tenant ferme
au sain dessein d'évider
ce magma de douleur
enfoncé jusqu'au manche
tu remontais lentement
bravant les viscères
et les blancs ossements
d’une coupe droite, franche
peu de sang
le désir d'en finir,
une soif de vivre.
Conversation avec moi-même
(2017)
t’as la couleur huile de foie de morue,
ce matin
ce qu’ils sentent bon
tes embruns !
des petits bateaux blancs
défient tes vaguelettes taille de sardine
petites coques de noix opalines
poussées par le vent
de la Terre.
je t’aime, la mer !
Saint-Tropez
(2019)
vient l’heure bleue
alors je quitte mon armure
dont le poids grave mon corps
de scarifications guerrières
et assassines
je m’élève enfin,
je m’envole
je vis la vie la nuit
que le jour me vole
et je plonge dans les abîmes poétiques
de mon âme ancestrale
ivre d’une joie hypnotique,
le cœur en cavale ;
vois comme tu es libre,
vois comme tu es libre, mon amie.
(sans titre)
(2018)
poème publié dans le livre-catalogue
Jan Fabre Ma Nation : L'imagination
(éditions Gallimard)
la pisse a dévisagé ta belle gueule ;
comme de l’acide elle a traversé ta peau
a blessé ton cuir
a rongé tes os,
bastringue
tu traînes là où il faut pas
avec tes guenilles de pauvre
tu vois pas que ça pue ici ?
t’as plus d’flair
t’es ramolli
ça fait bien longtemps que tu les as pas senties
les fleurs
tu traînes tes choses
dans ton caddie
t’étales un drap
puis ton fouillis
et tu roules ton clope
comme un marquis
qu’a l’air d’avoir roulé sa bosse
tu tires ta dope
tu craches tes bronches
tes sales doigts jaunes
épongent
la bave
de ce qui te sert de lèvres
dis, c’est quand qu’on les a embrassées ?
t’es qu’un charclo
un gars sans âme
un homme d’antan
dans la peau de son ombre
Les mites ont trouvé refuge dans tes cheveux
un nid à poux
de fils emmêlés, de nœuds
une tignasse détricotée
qui serpille sur ta pauvre tête de fou
soudain t’écarquilles les yeux
un litron à la main
t’essaies de parler à dieu
avec la voix d’airain
d’un héros des rues
mais tu dérailles
et tu gueules
avec ta gorge râpeuse
au badaud-cercueil qui hante la rue crasse
tes inepties d’alcoolo
il t’entend pas bien
dieu
charclo
articule!
mets-y du tien!
récite les vers d’une ère perdue
et brille de l’éclat
que tu crois défendu
peut-être alors verras-tu les étoiles
une voie lactée
un pont d’amiral
et le voyage vers une terre chaude amie
lavera ton corps meurtri,
tes yeux blessés
et tes pas perdants
d’une tendresse infinie
Le charclo
(2017)